Histoire de l'Homme
Par le p'tit chauve au chapeau rouge.
Commentaires et réactions : enzo3842@free.fr
Chacun de nos choix détermine nos vies. Chacun de nos choix détermine notre mort.
La vie est une succession de choix. Certains nous sont imposés et donc impossibles à éviter. Les réponses que nous y apportons ne dépendent que de nous. De même, certaines rencontres sont inévitables. Mais une fois encore, ce qu'il en découlera n'appartient qu'à nous.
Le Destin n'est pas une ligne droite, c'est un ensemble de points. Les rencontres ou les choix que la vie nous impose ne sont que des passages obligés. Ensuite, la route qui sera choisie déterminera note vie. Mais il n'appartient qu'à nous de faire les bons ou les mauvais choix, de céder à la facilité ou pas.
S'il était écrit dans le grand livre du Destin que David devait rencontrer Goliath, rien, absolument rien, ne décrivait la suite qui serait donnée à cette rencontre obligée. Ils auraient tout aussi bien pu boire un verre et aller aux putes ou tout simplement se serrer la main et démontrer ainsi au monde entier la stupidité du conflit qui opposait les deux armées. Ils ont préférè se battre, ils ont fait ce choix et désormais nous connaissons tous la suite de l'histoire.
Je vais ici vous narrez l'histoire de l'Homme, un être étrange et hors du commun, au sens littéral du terme, qui, dès sa naissance fût confronté à la violence de la vie. Volé à sa famille par une mère inconsolable de la perte de son fils nouveau-né, élevé dans le mensonge et l'amour reporté, cet être à l'apparence quelconque avait développé une aptitude toute particulière à la dissection de l'univers qui l'entourait. Etranger à ce monde, réfugiè en un lieu imaginaire, loin de la bêtise grasse de ce monde de blaireaux, il avait décidé de rêver sa vie et de vivre ses rêves.
Persuadé au plus profond de son être que la seule façon d'en finir dignement avec la vie était de partir comme il était venu, il espérait mourir dans le sang et dans les larmes ou entre les cuisses d'une femme.... la première option avait évidement sa préférence.
Mais là encore, les choix et les rencontres qu'il fît à la fin de son adolescence scellèrent sont destin et son appartenance à ce monde qu'il détestait tant. Condamné à y vivre il allait le faire à sa façon, avec ses règles et par la même démontrer à chacun la stupidité du système tout entier.
Nota : Ce récit ayant avant tout pour but de me passer le temps et n'étant en aucun cas la biographie d'une personne quelconque, je prie le lecteur de bien vouloir me pardonner par avance pour toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existé ce qui ne serait évidemment que pure coïncidence, ainsi que pour le mode d'expression choisi. En effet je procèderai ici par flash-back et non pas de façon linéaire. A l'heure actuelle les premières années de la vie de l'Homme n'ont que peu d'importance.
******
23 Juillet 2010
L'Homme regardait les étoiles. La nuit était douce et le ciel dégagé. Les milliers d'étoiles qui dansaient dans le ciel dégageaient un sentiment de plénitude, de quiétude.
L'Homme regardait les étoiles et, cet acte d'une banalité sans nom prenait aujourd'hui un sens particulier pour lui.
Pour la première fois depuis longtemps, il prenait le temps. Bientôt il pourrait les regarder ainsi aussi souvent qu'il le voudrait. Plus rien ne pourrait l'en empêcher, le moment était venu, ainsi en avait-il décidé.
Encore couvert de sueur, il se délectait du spectacle à la fois si simple et si merveilleusement extraordinaire de ses milliers d'étoiles se consumant dans ce ciel d'été.
La Grande Ourse, son Totem, était là. Facilement reconnaissable, parfaitement identifiable, elle était là où elle avait toujours été. A sa place. A ses côtés, la Petite ourse était là, elle aussi.
Très bientôt, si Dieu ou le Diable le voulait bien, lui aussi serait enfin à sa place.
L'Homme poussa légèrement la porte afin d'observer la femme étendue sur le lit. Elle dormait, sereine. Il referma la chambre pour ne pas la réveiller et, même si la vue de ses formes généreuses réveillait en lui un désir jamais assouvi, il préférait, en cette douce nuit d'été, la laisser dormir. Rien ne pressait, il avait le temps. Ils étaient à nouveau réunis, plus rien n'avait d'importance.
L'homme se dirigea vers les pommiers, son hamac était là, à sa place. Il se glissa à l'intérieur et tira le drap sur lui. La nuit était douce, les étoiles scintillaient dans le ciel, la Grande et la Petite Ourse brillaient au dessus de lui. Un sourire illuminait son visage. L'Homme était à sa place et il aimait ça.
******
28 novembre 2010
Une tasse à la main, l'Homme regardait par la fenêtre. Cette journée de fin d'automne était particulièrement froide. Dans le poêle, le feu commençait doucement à prendre. Bientôt une douce chaleur allait irradier la pièce, chasser l'humidité.
Dehors, rien ne bougeait. L'Homme contemplait son terrain, les collines alentour. Le tableau qui s'offrait à sa vue tout en vert et marron foncé inspirait le calme, la sérénité. Ce sentiment l'emplissait tout entier.
Certes, aujourd'hui il ne faisait que passer, dans cette maison qui l'avait trouvé autant qu'il l'avait trouvée, mais, très bientôt, avec un petit peu de chance, l'Homme pourrait y rester.
Une tasse à la main, le regard perdu sur l'horizon, l'Homme repensait à tous les évènements qui, mis bout à bout, l'avaient amené là, dans cette maison, SA maison, en cette froide journée d'automne.
Un sentiment de fierté l'envahissait. Avoir réussi à faire correspondre autant d'évènements, d'éléments à priori sans aucun lien entre eux pour au final accomplir avec autant de précision son rêve de toujours tenait du surnaturel, presque du miracle.
Quinze années auparavant, lorsque tout avait commencé, personne n'aurait parié sur lui. Lui seul y avait cru et avait eu, au fil des années, la force de continuer contre vents et marées. Aujourd'hui tous ces petits riens s'assemblaient en un tout cohérent de façon tellement parfaite qu'il lui était impossible de ne pas être subjugué par la beauté de son oeuvre. Plus que quelques jours et la réussite serait totale. Il fallait juste y croire encore un peu et surtout espérer que rien ne vienne gripper cette machinerie si parfaitement assemblée par ses soins.
Encore un ou deux petits détails à régler et l'affaire serait entendue. Il pourrait alors rester, profiter enfin de la vie, de sa vie, à sa manière, libre et détaché de toutes les contraintes matérielles que ses con - gènères devaient endurer.
Une de ses maximes favorites lui revenait en tête et prenait ici tout son sens : " Ne perd pas ton temps à expliquer aux cons ce que tu vas entreprendre, fais le ! "Et Dieu (ou le Diable) sait que du temps il en aurait fallu pour leur faire comprendre......
Le poêle dégageait maintenant une douce chaleur, les flammes dévoraient les bûches. L'Homme finissait sa tasse, un sourire illuminait son regard, il était chez lui et il aimait ça.
******
Décembre 1999
Le sang saturé d'adrénaline, l'Homme était calme, très calme même. Les bras en croix il ne bougeait pas. Il n'avait pas peur, il savait que la peur qui rodait alentour ne venait pas pour lui.
La mort, il la connaissait bien, très bien même. Il l'avait souvent contoyée et, telle une maitresse capricieuse, elle l'avait toujours rejeté. Bien sûr, il savait que son heure viendrait, comme à chacun, mais il savait aussi que la sienne n'avait pas encore sonné.
Le sang saturé d'adrénaline, un couteau calé sur la gorge, l'Homme regardait Un et Deux lui faire face.
Ce putain de junky était sorti de nulle part. Pour le coup, l'Homme s'était bien fait baisé. La lame du couteau l'avait entaillé sous le menton. Pas une grosse blessure bien sûr, un point ou deux suffiraient sûrement, mais la peau était coupée et cette saloperie de lame de junky n'était certainement pas un modèle de propreté.
Les bras en croix, l'Homme se demandait justement ce que ce connard pouvait bien être en train de lui refiler, hépatite, sida, mst quelconque la liste était longue et occupait pleinement son esprit. Il s'était fait baisé et allait surement devoir en payer le prix. Restait plus qu'à savoir lequel.
Le petit claquement sec du 22 LR de Quatre résonna dans le hangar désaffecté. Les oreilles de l'Homme bourdonnaient. Les oreilles du junky, elles, ne bourdonneraient plus jamais. Quelques grammes de plomb venaient de les traverser détruisant au passage les derniers neurones encore opérationnels.
Un et Deux baissèrent leurs armes et se retournèrent instantanément pour reprendre le cours de la mission. L'intermède était terminé.
Tout en ramassant son arme, l'Homme remercia Quatre d'un regard appuyé. Pas le temps pour les embrassades, on verrait ça plus tard.
Tel un Diable sortant de sa boîte, le Client était là, face à Un et Deux, un vieux PM en main. L'instant d'après, il vidait son chargeur en hurlant.
En moins de deux secondes le PM venait de cracher 25 saloperies de calibre 9 mm. Un et Deux étaient indemnes, encore sous le choc mais indemnes. Les méchantes petites balles qui leur étaient destinées les avaient gentiment évités pour aller se perdre dans le hangar.
L'Homme, encore baissé, avait roulé sur la droite pour s'adosser à un pilier. Face à lui, Quatre s'écroulait en se tenant la gorge. Bien qu'elle ne lui était pas destinée, une putain de bastos venait de lui traverser le cou arrachant tout sur son passage. Moins de trente secondes plus tard Quatre mourrait dans les bras de l'Homme, dans le sang et dans les larmes. Finalement, entre les cuisses d'une femme ça n'aurait pas été si mal.
Le Client s'était barré. Quatre était mort. La mission était un putain d'échec et maintenant il fallait nettoyer.
Dans le fourgon du retour, l'Homme regardait le corps de Quatre allongé à ses pieds. La lame du junky ne lui avait rien refilé, le prix à payer avait été tout autre.
Le sang saturé d'adrénaline, l'Homme était calme. Les évènements de la journée lui revenaient en tête. Il devait arrêter, il le savait. La prochaine fois c'est peut-être lui qui serait allongé dans le fourgon.
Le sang saturé d'adrénaline l'Homme allait dire oui, accepter..... se marier. Ainsi venait-il d'en décider.